jeudi 11 septembre 2008

Piano aux Jacobins

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Arriver un peu en avance, respirer l'atmosphère si particulière qui précède les concerts, s'en imprégner, profiter de la douceur de cette soirée toulousaine.

Regarder le cloitre se remplir lentement, frémir d'impatience à mesure que l'heure approche, applaudir comme les autres à l'entrée de l'artiste (quelle coutume stupide qui rompt le charme du moment!), se laisser emporter....

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Le virtuose de ce quatrième concert du 29ème festival, Romain Descharmes, est jeune, brillant, brillantissime devrais-je écrire. Après une interprétation magistrale du "poème satanique" de Scriabine, c'est à lui que revenait hier, la création d'un opus difficile: "Le calme des puissances" de Fénelon (celui-là même dont le Faust m'avait enthousiasmée au Capitole). Je dois dire que je n'ai pas été déçue.

Il est des œuvres qui parlent au coeur et d'autres qui s'adressent à l'esprit. Incontestablement "le calme des puissances" est à ranger dans la seconde catégorie. Dix huit minutes entre enfer et purgatoire. Dans la tendre nuit de septembre, ces "puissances" m'ont donné des frissons. Finales très longues, très sombres, sur lesquelles éclatent des gouttelettes de vie, joyeuses parcelles d'un paradis trop vite happé par les ténèbres. Incessantes ruptures de rythme, lutte tenace de la lumière face à la nuit. Et des silences vides d'espérance... Oscillations permanentes entre attente et découragement.Pourtant l'ombre se fait moins pesante, la nuit s'adoucit enfin. Légères griffures lumineuses qui conduisent au final surprenant, porte entrouverte vers d'infinis possibles...

concert2A côté de moi, Chris ferme de yeux. La rangée est immobile, la salle paralysée sous la violence de l'orage. L'artiste fait corps avec l'instrument, accouche de l'œuvre dans une ferveur douloureuse. Seule une infime égratignure rappellera l'intensité du corps à corps...

Après l'entracte, les romances de Brahms me paraissent sans saveur. Juste avant une envoutante interprétation de la Valse de Ravel, flamboyance plus que poésie, alcool fort bien plus que tisane. Un régal !

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Retour par les petites rues du centre de la ville. Les éclairs de chaleurs zèbrent un ciel sans nuage. Les terrasses sont remplies de très jeunes étudiants qui rient et s'interpellent. Je me sens en amour pour ma ville. Depuis si longtemps...


Pour tout savoir sur le festival :
www.pianojacobins.com




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